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Kôlam / Prabhu Edouard, comp., tabla & perc., voix
Musique audio
Edité par Lokanga , 2016
Au travers d’un quartet inattendu (santour, basse, flûte et tablas) le percussionniste Prabhu Edouard signe un album chatoyant où les couleurs de l’Inde, de Bollywood à la danse kathak, croisent influences gnawa et jazz. « Prem Gîta » ou le chant d’amour, vous voici transportés en Inde au son de cette ouverture et pourtant, comme il faut se méfier de certains chants d’amour, vous auriez tort de vous croire en terrain connu. Evidemment c’est un râga classique que vous entendez (le mode Yaman, proche du mode lydien) mais il est servi par des musiciens très différents, réunis autour de Prabhu Edouard. Ce joueur de tablas virtuose joue aussi bien auprès de grands maîtres de la musique indienne comme le flutiste Hariprasad Chaurasia que du côté du jazz ou encore auprès de Jordi Savall. A ses côtés dans ce quartet original : un santoor (cithare sur table comme on en trouve en Iran, qui inspirera le cymbalum en Europe de l’Est) joué par Sandip Chatterjee, musicien recherché qui lui vient de Calcutta, à ses côtés c’est un musicien réunionnais (et chanteur de Maloya) Johann Berby qui tient la basse et à la flûte bansurî (grande flute traversière indienne) un virtuose de musique celtique, Sylvain Barou. Prabhu Edouard fait entendre ce qu’il appelle « une diversité organique » sur un éventail de registres indiens, et voici après quelques minutes après ce que cela donne…Le titre de l’album : Kôlam, ces dessins géométriques éphémères que les femmes dessinent à la poudre sur le sol à l’entrée, signe de bienvenue dans le foyer tout indiqué pour inviter à pénétrer dans la musique. Beaucoup de couleurs, de régions de l’Inde sont traversées dans le répertoire de Prabhu Edouard, du Nord au Sud du pays : le morceau que l’on va entendre (Aïlassa) ce sont des chants de pêcheurs du Sud de l’Inde qui coordonnent leurs mouvements par le chant… et qui d’un coup croisent les gnawa. Comme tous les percussionnistes, Prabhu Edouard est aussi un chanteur virtuose (puisqu’il faut savoir chanter ce que l’on joue, et inversement, quand on prétend jouer des tablas) et il invite ici des voix très différentes : Jogeswaran Manickam vocaliste du style carnatique -du sud de l’Inde - dans « Apsara », un chanteur mystique du Bengale, Paban Das dans « Nodi » ; et même une chanteuse de pop style Bollywood, Runa Rizvi , qui improvise sur une danse Kathak : « Rangoli ». Bon voyage. [https://www.franceculture.fr/emissions/lactualite-musicale/prabhu-edouard-indes-galantes]