Ballades dans l'inaudible : identification acoustique des chauves-souris de France / Michel Barataud, enr., auteur,

Musique audio

Michel Barataud, enr., auteur,

Edité par Sitelle , 1996

« La chauve-souris n’est pas un oiseau, si l’on veut. Mais elle leur apprendra, à tous, à voler. Un pigeon, on dirait qu’il pagaye, qu’il bat l’eau, tant il fait du bruit avec ses ailes. La chauve-souris, personne ne l’entend. On dirait qu’elle prend l’air comme un drap, avec des mains. (…) On entend un oiseau-mouche ; une chauve-souris non. Et elle suit les plafonds, les corridors, les murs, elle fait du cabotage. Puis la voilà sur une branche et aussitôt s’y pend par ses peaux comme pour dormir. Et la lune silencieuse l’éclaire. » [Henri Michaux, « Histoire naturelle » in Un barbare en Asie.] Ces quelques mots de l’écrivain situent d’emblée une des principales caractéristiques du mammifère ailé : son silence apparent. Pour repérer les obstacles et les proies lors de ses déplacements nocturnes (ce que l’on nomme l’écholocalisation) et communiquer avec ses congénères, la chauve-souris émet en effet des ultrasons, c’est-à-dire des signaux acoustiques inaudibles par l’homme. Comme pour les cris et chants des oiseaux, les sonars de ces animaux varient selon les espèces. Il convient dès lors de capter et d’analyser leurs émissions sonores afin de les identifier « à l’aveugle ». Avec ce double disque, Michel Barataud a offert une première somme consacrée aux cris de vingt-sept espèces françaises et suisses, suite à douze années d’études, et plus de mille trois cents heures passées sur le terrain. En 2012, il a prolongé et amplifié ce travail remarquable en publiant l’ouvrage de référence Écologie acoustique de chiroptères d’Europe, en collaboration avec le Muséum national d’histoire naturelle. Pour mettre en évidence les signaux des chauves-souris, Barataud utilise un détecteur d’ultrasons lié à un magnétophone. Au-delà de l’intérêt scientifique de l’album, les ballades inaudibles données à écouter offrent la possibilité de découvrir un territoire sonore entièrement inédit, riche et complexe. Car comme tout être vivant, et pour reprendre l’idée développée par le célèbre naturaliste Edward O. Wilson dans son essaie Biophilie (José Corti, 2012), la chauve-souris est un « puits magique ». En tant que domaine de connaissance, elle est en effet proprement inépuisable. Déjà son nom générique regroupe quantité d’espèces insoupçonnables pour le non-initié, aux noms étranges et évocateurs : vespertilion des marais, molosse de cestoni, oreillard roux … Les cris de chacune d’entre elles varient par ailleurs en durée, en structure ou en rythme selon le nombre, la distance et la nature des obstacles présents à proximité. Toute tentative d’identification se révèle de la sorte difficile et quand elle aboutit, les innombrables questionnements sur la biologie, l’écologie ou encore l’éthologie de la chauve-souris peuvent vraiment commencer. Alexandre Galand_Field Recording. L’usage du monde en 100 albums. Le mot et le reste.2012

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