Syracuse

"J'avance masqué, et en ordre dispersé." Arnaud Le Gouëfflec vit à Brest. Depuis 1995, il écrit, dessine, compose et enregistre de la musique, créant un monde complexe où s'enchevêtrent les destins croisés d'une multitude de petits personnages. Le thème de cette pelote inextricable: la ramification, et tout ce qui s'y rapporte. " La ramification est la structure de la vie, la pelote son expression ", " je ne saurais vous dire exactement ce qu'est la ramification, mais une chose est sûre, c'est que c'est sacrément compliqué " . Ses multiples activités suivent les formes d'un labyrinthe qui se découvre progressivement. Pour retrouver le fil, un peu de chronologie: 1995-Basile et Massue, Phylute Ombilique " J'ai vraiment commencé à travailler en Décembre 1995, au terme d'une courte période de doute au cours de laquelle j'ai hésité entre l'écriture et la chanson, avant de me décider à faire les deux à la fois. Je me suis mis à rédiger la première version de mon roman, Basile et Massue , qui sortira neuf ans plus tard, et j'ai commencé à publier une revue, Le Phylute Ombilique (dont je distribuais les premiers exemplaires à l'entrée de la fac). Le Phylute Ombilique était une bonne manière d'écrire, de publier, d'être lu, bref d'exister. La revue deviendra trimestrielle en 1999, publiée chaque trimestre avec une patience minérale et postée aux abonnés (une quarantaine, dont certains dans l'océan indien, au Québec ou en Nouvelle Calédonie, ça ne rigolait pas). Elle disparaîtra en Janvier 2006, dix ans après le premier numéro. En 1998, je fonde avec quelques camarades le Collège de Littérature préhistorique, une association qui se chargera de publier le Phylute, et qui sera dissoute en 2002. Cassettes Paléolithiques, début de "Le Petit Fossoyeur J'ai écrit mes premières chansons en 1994. Jusque là, je n'avais appris à jouer de la guitare (de manière extrêmement rudimentaire) que pour jouer du rock'n'roll, et c'est exactement ce que je faisais, jouant la guitare rythmique dans le groupe Les commandants Couche-Tôt, rebaptisés un moment Tranxène 2 le matin. Je n'avais pas fait le lien entre la guitare et l'écriture. Au départ, il s'agissait de poèmes plus ou moins terminés, que je chantonnais en jouant de la guitare, puis c'est devenu de vraies chansons, avec tout ce que ça entraîne comme embarras : car que faire de ces foutues chansons ? Le problème avec les chansons, c'est qu'il faut les chanter. J'étais trop timide pour ça (ça s'est arrangé depuis). J'ai donc monté un groupe, qui s'appelait Le Petit Fossoyeur , avec un copain, qui ferait le chanteur. On a commencé à répéter à Portsall, au Nord de Brest, dans la maison de ses parents. A la même époque, j'ai rencontré un type qui m'a prêté un quatre pistes, c'est-à-dire un magnéto permettant de superposer quatre pistes séparées, et donc d'enregistrer les instruments un par un, c'est-à-dire tout seul. J'ai commencé à enregistrer des petits instrumentaux improvisés à la guitare, et j'ai compilé les meilleurs d'entre eux sur des cassettes, qui s'appelaient Les os , Le dernier voyage de Lionel Coupechoux , Limbos et Watusis . J'étais influencé par Daniel Johnston ( ) et toute l'école Lo-Fi. Comme je ne supportais pas ma voix, j'évitais de chanter. Le Petit fossoyeur a commencé à se produire en concert. J'étais assis sur une chaise avec ma guitare sèche, terrorisé, et mon camarade chantait. On se produisit à la Taverne à Portsall, au Comix à Brest, même une fois à l'Etoile devant une salle vide, ou aux Dubliners, bref dans tous les bars qu'on pouvait trouver. Le principe était simple : jouer partout, coûte que coûte. Comme j'avais la trouille de la scène, je pensais que c'était une bonne manière de me vacciner. 1997 1998 Cassettes préhistoriques Entretemps, j'ai acheté un quatre pistes un peu plus évolué, et j'ai commencé à chanter dans mon micro. J'ai enregistré de nouvelles cassettes, que j'ai appelé les cassettes préhistoriques , et que je diffusais parfois avec Le Phylute Ombilique. La première est enregistrée entre 1997 et 1998 et s'appelle Chansons préhistoriques . C'est en fait une compilation de cassettes plus ou moins avortées, avec une bonne moitié de chansons. La pochette représente un arbre ramifié. La deuxième, Les monstres et moi , en Octobre 1998, repose sur l'utilisation d'un clavier casio, avec des rythmes préenregistrés, et de sons trafiqués à l'aide d'un pédalier d'effets. La troisième, sans tambours ni trompettes , en Janvier 1999, est liée à l'achat d'une petite boîte à rythmes, dont j'use et abuse sur presque tous les morceaux. Ces cassettes seront compilées plus tard sur La vie sous Cloche . J'ai confectionné chacune comme un véritable album. En parallèle, j'enregistre toutes sortes de micro cassettes expérimentales, Crustacés (un concept album sur les mollusques, qui m'a occupé durant tout le mois de Novembre 1997, et dont l'intégralité des sessions est sortie récemment en Cd sous le nom The complete Crustacés sessions , Iga Biva , un album de techno primitive en hommage à l'un des héros de mon enfance, ?, originellement appelée Petite mécanique de nuit, puis Monstres, puis ? , et The Yves Le Tirilly E.P , en hommage à un écrivain prehistorique que j'ai connu. Tout cela est compilé sur une cassette qui s'appelle donc Crustacés . 1999 Premier album du Petit Fossoyeur Pendant ce temps-là, Le Petit Fossoyeur s'est développé. Au fil des ans, on a étoffé notre affaire, recrutant d'autres musiciens jusqu'à devenir un vrai groupe de rock, puis on s'est produit sur toutes les scènes du Finistère, assurant des premières parties de Miossecet Louise Attaque, et enregistrant un premier deux titres ( Madame Hortense/ Silhouette et Nénuphar ) en Mars 1999, puis un premier album l'été suivant, au studio Cocoon de Vern sur Seiche, sous la houlette de Guillaume Jouan, qui jouait avec Miossec et co-composait ses albums avec lui. Ce disque était tout rouge, avec un squelette tenant un plateau et une bouteille posée dessus. J'avais tout écrit et composé, et dessiné la pochette. Le disque est diffusé pendant un temps par Coop Breizh (Spézet). 2000 Ramifications Pendant ce temps-là, j'écrivais. J'ai rédigé un recueil de contes en 1998, qui s'appelle Mystère et boule de Gomme et autres fantaisies , mais je n'ai jamais pu le faire éditer. Pourtant j'en étais très fier, et j'en ai publié une partie dans le Phylute. La même année, j'ai écrit un recueil de cent poèmes sur les Mollusques, l'Effroyable complexité du Littoral , qui n'a pas non plus trouvé d'éditeur. Je me suis mis à écrire de plus en plus, avec frénésie : des nouvelles, des contes, des aphorismes, des traités tordus, des poèmes. C'est à ce moment que l'évidence de la ramification m'est apparue, mais je préfère ne pas en dire plus : tout est lié à un petit traité, le Traité des pelotes , que j'ai écrit en 2000, et que l'on peut lire sur le site. Je travaille également aux Aventures de Johnny Spinoza , sorte de roman feuilleton ramifié. 2001 Le Petit Fossoyeur dans l'espace En Juillet 2000, je compose le deuxième album du petit fossoyeur, que j'avais plus ou moins en tête depuis le début : c'est un concept album sur l'espace, qui s'appelle donc Le Petit fossoyeur dans l'espace . Tous les morceaux traitent du même thème : le cosmos. C'est une sacrée contrainte, car que peut on raconter sur le cosmos, qui est vide ? Je m'étais interdit les soucoupes volantes et les extra terrestres, qui sont pourtant une des seules attractions du vide interstellaire, où l'on s'ennuie ferme par ailleurs. J'y travaille tout le mois de Juillet 2000, me couchant à l'aube et bossant la nuit. Pour finir, une seule chanson ne parle pas d'Espace, c'est Sornettes, une chanson sur des sorcières toxicomanes, mais qui s'envoient en l'air avec de la poudre de Perlimpimpin. Un single, Vénus (couplé avec Le chevalier inutile) sort avant l'album. C'est un duo plutôt pop, alors que le reste est plus sombre. Guillaume Jouan arrange le tout de façon assez spatiale. Le groupe ne survit pas à cette aventure cosmique et, lorsque le disque sort en 2001, il n'existe déjà plus. Le Petit Fossoyeur dans l'espace est, à ma connaissance, toujours disponible auprès du distributeur, Keltia Musique (Quimper). 2002 La vie sous cloche Après le split du petit fossoyeur, je me suis remis à dessiner avec assiduité. Ma femme, Maëlle, et moi avons décidé de monter l'Eglise de la Petite folie , une association destinée à promouvoir et à centraliser ce que je faisais. Le premier évènement qu'on a organisé, en mai 2002, c'est une exposition de dessins dans le hall de la compagnie bibus, qui s'appelait Le monde merveilleux d'Arnaud Le Gouëfflec . J'ai ensuite participé à une exposition que Maëlle avait organisée, Brest Même , où j'ai exposé des représentations tordues du pont de Recouvrance (Brest). Juste après l'exposition, l'Eglise de la Petite folie a sorti La vie sous cloche , une compilation des cassettes préhistoriques. C'était donc, même si les morceaux dataient de 1999, mon premier véritable disque, c'est-à-dire le premier où j'étais seul et totalement libre. C'est un disque franchement bizarre qui forme un petit monde clos où tout est distordu, où l'on n'arrive pas toujours à discerner la nature exacte des instruments, où des personnages inhabituels vivent des aventures inhabituelles. On y trouve notamment J'habite dans une banane (un autocollant sur la pochette stipule " inclus le tube j'habite dans une banane ") qui est le morceau le plus secoué que j'ai fait, et le long délire de Casimir le Vampire, avec un solo de psaltérion à hélice. La Vie sous Cloche est distribuée un moment par le label rennais Kerig Records, qui distribue également Petite Mécanique de Nuit, l'album suivant. Depuis que Kerig a cessé ses activités de distributeur, c'est Sobridis qui s'en charge. 2003 Petite Mécanique de Nuit Toujours seul maître à bord, j'enregistre cette année là Petite Mécanique de Nuit , mon deuxième album, avec de nouvelles chansons. Mon quatre pistes au rebut, c'est sur un ordinateur que j'ai construit le disque, qui sonne plus comme une collection de chansons. J'y ai mis beaucoup d'émotion, et tenté d'exorciser par ce biais toutes sortes de désillusions. Pour me remettre de ces confessions gênantes, j'enregistre cette année là tout ce que je pouvais, des musiques pour expositions, des jingles radios pour une émission que j'animais, des chansons, des trucs expérimentaux, des petits morceaux technos, des musiques pour un festival ou même un film (au fond sur le parapet des ponts, de Kris) que j'ai réunis sur des disques gravés vendus dans les expositions de l'Eglise ( Citron , Mougues , Terribabuleska Spazoïde ). J'ai réalisé en outre trois courts métrages en collaboration avec la télé associative Canal Ti'Zef, Brest envahi , Brest électrique et Brest cannibale , qui sont diffusés dans les projections de leur association et dans des soirées. C'est une période totalement frénétique: j'enregistre sans cesse, je réécris mon roman, Basile et Massue , de fond en comble, je publie le Phylute, j'écris des guides touristiques préhistoriques, j'investis avec un camarade de jeu un petit local au fond du magasin brestois l'Oreille Kc, que je rebaptise Bureau Occulte des éditions Champignons dans lequel on fabrique et publie un certain nombre de petits fanzines de BDs et de textes ramifiés, et je manque de m'épuiser. 2004 L'orchestre préhistorique, Monstre, Basile et Massue En 2003 2004, je remonte sur scène, en tant que chanteur cette fois, ayant vaincu mes peurs d'antan. J'ai rencontré de nouveaux musiciens, Fabrice Louisin, membre du groupe brestois Yog Sothoth, Morgan Landuré, que j'ai rencontré à la radio, et qui a sorti deux disques de musique industrielle sous le nom de l'idiot du village et Fabrice Duhamel, clavier, qui a joué avec toutes sortes de groupes brestois ou autres, et qui sera remplacé en 2005 par Lionel Mauguen, guitariste. La nouvelle formation s'appelle donc Arnaud Le Gouëfflec et l'Orchestre Préhistorique , et se produit ici et là, réarrangeant les chansons de la Vie Sous cloche et celles de Petite mécanique de Nuit, plus d'autres, plus anciennes ou toutes nouvelles. En parallèle, et toujours avec les mêmes musiciens, je monte un groupe de rock expérimental et plus ou moins improvisé, Monstre , qui se produit en Novembre 2003 à la Nuit des Cancres, à Brest. A l'exposition Le Cabinet de Curiosités , que Maëlle organise en Mars Avril 2004, et où j'expose avec elle et Morgan Landuré, je rencontre Laurent Silliau, avec qui je commence à travailler sur Le bestiaire secret de Lord Bargamoufle , qui paraîtra en 2006. Cette année là, je signe un contrat avec l'éditeur nantais L'escarbille pour Basile et Massue , que j'ai réécrit deux fois et que j'ai commencé il y a huit ans. C'est un roman. Le livre sort en Avril 2004. 2004 2005 Le Chanteur Masqué, L'Enfer est Pavé de Bonnes Intentions En Octobre et Novembre 2004 sortent deux nouveaux disques : Le Chanteur masqué , que j'ai enregistré tout seul, et L'enfer est pavé de bonnes intentions , un six titres inspiré par le vaudou, sur lequel jouent Fabrice Louisin (Percussions) et Morgan Landuré (Guitares). Le chanteur masqué est une sorte de pantomime autour d'un pont, avec des personnages masqués et vaguement vénitiens ( de loin), tandis que l'Enfer est franchement satanique, avec un climat de peaux de bêtes et de colliers de griffes. En parallèle, Monstre se produit à nouveau à la Nuit des Cancres ce même mois, et anime les récréations musicales du second Cabinet de Curiosités , qui se tient cette fois à l'Oreille KC, disquaire brestois. Pendant ce temps-là, Basile et Massue reçoit les prix du premier roman de Laval et de Chambéry et le prix de la ville de Carhaix. 2006 Le Festival Invisible et le Bestiaire secret En 2006, je participe avec l'Orchestre préhistorique d'une part, et Monstre d'autre part au Festival Invisible à Brest, organisé par Maëlle (http://www.festivalinvisible.com). C'est l'occasion pour moi de rencontrer Eugene Chadbourne, improvisateur iconoclaste américain, et Jimmy Carl Black, batteur mythique des Mothers of Inventions de Franck Zappa, et de jouer avec eux : le challenge est de les accompagner sur scène avec Monstre, au terme de deux répétitions simplement. Le concert a lieu à l'Avel Vor à Plougastel Daoulas : nous sommes masqués et Eugène assis avec son banjo et sa guitare rectangulaire. Jimmy vient chanter " Hoochie Coochie man " et " Why don't we do it on the road ", et le tout est arrangé de façon plutôt spectrale avec Morgan au Theremin et Eugene tyrannisant sa guitare, Fabrice à la batterie et Lionel à la guitare. Trois des morceaux de ce live figureront prochainement sur un disque d'Eugene : Chadbourne auction house, 35 years. Cette même année paraît chez Gingko édition Le Bestiaire secret de Lord Bargamoufle ., que j'ai réalisé avec le dessinateur morlaisien Laurent Silliau. J'ai illustré ses dessins de monstre avec des textes. Laurent et moi avons tout un tas de projets en cours. 2006 2007 : projets Je viens de signer un contrat chez Casterman pour le scénario d'une Bd que je réalise avec le dessinateur Obion, et qui s'intitulera Vilebrequin (une centaine de planches est prévue). Parution : Octobre 2007. Un roman est également prévu au printemps 2007 : Les discrets , roman policier en trompe l'œil, à paraître toujours chez Gingko. Pierre-Henri Juhel, metteur en scène brestois pour lequel j'avais déjà fait une musique l'année dernière, est en train d'adapter pour la scène une nouvelle que j'ai écrite cette année : Comment je suis devenu un guerrier Mouktar . Un nouvel album avec l'Orchestre préhistorique, A Dreuze , vient de sortir. Read more on Last.fm. User-contributed text is available under the Creative Commons By-SA License; additional terms may apply.