Et ailleurs alors ?
Oubliez les Oscars, oubliez les Césars ! Allons voir ailleurs. Allons voir ce qui se passe dans tous les pays qu’on ne croise cinématographiquement que rarement. D’ailleurs avez-vous déjà vu un film kirghize ?
Nous sommes très fiers de vous présenter des films venus du monde entier, du Mali à la Corée du Nord, de la Birmanie au Nicaragua en passant par la Slovénie et le tout petit Luxembourg. Des fictions, des documentaires, des films d'animation et des films expérimentaux. Vous aurez la chance d’entendre des langues aussi variées que le bambara (Mali), le hassanya (Mauritane), le kazakh (Kazakhstan) ou le bengali (Bangladesh, Inde)
Ces cinémas nous arrivent souvent grâce aux festivals internationaux (comme la Berlinale, le festival de Cannes ou celui de Locarno) qui leur donnent l’opportunité d’une plus large diffusion et facilite l’épanouissement de certains réalisateurs et réalisatrices qui acquièrent une renommée internationale comme le cambodgien Rithy Pahn ou l’haïtien Raoul Peck. Les films en provenance des pays du sud ont souvent des difficultés de financement, de censure… Ils ont parfois en commun une urgence d’expression à vouloir dépeindre une réalité locale et sociale. Muksin de Yasmin Ahmad (Malaisie, 2006), sélectionné à la 57ème Berlinale en 2007 a par exemple été tourné en 12 jours !
Si certains de ces films subissent la censure, comme Rafiki de Wanuri Kahiu (2018), premier film de l’histoire du Kenya, choisi au festival de Cannes dans la sélection Un certain regard en 2018, mais censuré au Kenya car traitant d'homosexualité dans un pays où elle est réprimée. Le tragi-comique J’aime tu aimes de Dusan Hanak (Slovaquie, 1980) a été interdit 8 ans sur les écrans avant d’être révélé au public et couronné du prestigieux Ours d’agent de Berlin en 1989.L’incinérateur de cadavres, sulfureuse comédie noire de Jujaj Herz (Slovaquie, 1969), a lui été interdit pendant 20 ans. Il y a aussi des succès surprise comme Timbuktu du Mauritanien Abderrahmane Sissoko qui a raflé plusieurs Césars en 2015 et a eu une belle carrière en salle.
Dans certains de ces pays il y a très peu de cinéma, parfois un film par an ou moins, parfois un seul tout court comme Wadjda qui est tout simplement le premier film d’Arabie Saoudite, réalisé par Haifaa Al-Mansour en 2012 ! Alors à quoi peut bien ressembler la réalisation d’un film dans un pays où il y a peu voire pas de cinéma du tout ? Les réalisateurs et réalisatrices sont souvent autodidactes ou se sont formés à l’étranger, quant à l’équipe du film elle est souvent entièrement non-professionnelle.
Mais attention, ce n’est pas le cas de tous ces pays, si nous ne possédons que peu de films écossais ou hongkongais, ces pays ont pourtant une production cinématographique importante. Il y a dix ans déjà, la réalisatrice érythréenne Rahel Tewelde confiait à Africultures qu’en Érythrée les films locaux attirent un monde fou !
Il y a aussi une complexité des financements et un croisement des regards, par exemple le multi primé Munyurangabo (2009), premier film tourné en kinyarwanda (langue parlé au Rwanda) a été réalisé par Lee Isaac Chung, un réalisateur coréen dont c’était le premier long métrage !
Mais de quoi parlent-ils ces cinémas ? Et bien de tout !
Vous trouverez des films qui parlent d’enfance : le très beau Abouna de Mahamat-Saleh Haroun (2002, Tchad) ; Le chien jaune de Mongolie de Byambasuren Davaa (2005, Mongolie) ; Le rideau de sucre de Camila Guzman Urzua (2005, Cuba, Chili) ; L’ange blessé d’Emir Baigazin (2014) ; Chala, une enfance cubaine d’Ernesto Darnadas (2014, Cuba). Dans Examen d’État de Dieudo Hamadi (2014, République démocratique du Congo) c’est la réussite aux examens qui est en jeu.
Des films qui parlent du passage à l’âge adulte dans un contexte parfois difficile : Si j’avais un fusil de Stefan Uher (1971, Slovaquie) ; et enfin de vieillesse : Les images du vieux monde de Dusan Hanak (1972, Slovaquie).
Des films qui parlent de familles, petites ou grandes comme dans Sonya et sa famille de Daniela Rusnokova (2006, Slovaquie), une famille de 15 enfants !
Des films qui montrent la vie quotidienne dans les villes : Whispers Of The Cities de Kasim Abid (Irak) ou dans une Éthiopie très verte : Lamb de Yared Zeleke (2015)
Des films qui parlent d’amour : Dakan de Mohamed Camara (1997, Guinée) ; Adieu Mandalay de Midi Z (2016, Birmanie) ; Be With Me d’Eric Khoo (2005, Singapour).
Des films qui parlent de femmes, prostituées comme dans Le papier ne peut pas envelopper la braise de Rithy Panh (2007, Cambodge) ; émancipées dans May In The Summer de Cherien Dabis (2014 Jordanie/Palestine) Muksin de Yasmin Ahmad (2006, Malaisie) ; admirablement combatives : Sisters In Law de Kim Longinotto et Florence Ayisi (Cameroun, 2006) ; ou encore de femmes qui s’interrogent sur leur choix : Les deux visages d’une femme Bamileke de Rosine Mbakam (2016, Cameroun)
Des films qui parlent de musique comme L’orgue de Stefan Uher (1964, Slovaquie), et de musiciens qui se mobilisent pour l’écologie : Song For Madagascar de César Paes (2016, Madagascar). En Écosse aussi, un petit village refuse l’implantation d’un complexe pétrolier : Local Hero de Bill Forsyth (2008, Écosse)
Des films qui parlent de sport, de football : La coupe de Nhyentse Norbu (1999, Tibet) ; Le ballon d'or de Cheik Doukouré (1994, Guinée-Conakry). De boxe : La Yuma de Florence Jaugay (2009, Nicaragua) ; de lutte : Sale temps pour les pêcheurs d’Alvaro Brechner (2011, Uruguay) ou de lutte sénégalaise : Boul Fallé, la voie de la lutte de la Mauritanienne Rama Thiaw (2009).
Des films qui parlent de Voyageurs et magiciens de Khyentse Norbu (2004, Bouthan).
Des films qui reviennent sur des pages douloureuses de l’histoire : la colonisation dans la pièce de théâtre 47 de Raharimanana (Madagascar) filmée par Koffi Kwahulé (2010, Côte d’Ivoire) ; la terreur imposée par les Khmers rouges : S21 La machine de mort Khmer rouge de Rithy Panh (2002, Cambodge) ; ou comment vivre après la guerre et les conflits : Djeca d’Aida Begic (2013, Bosnie). Ou qui font écho à l’actualité, parlant de l’exil : Mos Stellarium de Karolina Markiewicz et Pascal Piron (2016, Luxembourg).
Les animaux ne sont pas en reste : L’histoire du chameau qui pleure de Byambasuren Davaa et Luigi Falormi (2005, Mongolie), Por las plumas de Neto Villalobos (2013, Costa Rica)
Bien sûr il y a aussi des films de genres, comme l’horrifique Roseville de Martin Makariev (2018, Bulgarie) ou les arts martiaux de Seven Swords de Tsui Hark (2006, Hong Kong)…
Et pleins d’autres encore, comme vous le voyez ci-dessous :