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Ludi / Christophe Chassol, comp., claviers
Musique audio
Edité par Tricatel , 2020
"Ludi c’est le titre de ce double album de Chassol. À la fois disque, film et spectacle, Ludi est librement inspiré du livre d’Hermann Hesse avec Le Jeu des perles de verre, sorte de conte philosophique fascinant.
Publié en 1943, ce livre vaudra en grande partie le Prix Nobel de littérature à Hermann Hesse en 1946. L’écrivain allemand imagine qu’au XXIème siècle, après encore bien des guerres, des intellectuels ont cherché à unifier les connaissances humaines. Ceci à travers un boulier de perles de verres (sorte de jeu musical) qui se théorise en formules mathématiques, transformées ensuite dans un langage abstrait, qui concentre l’ensemble des sciences, des arts et des religions. On y suit le destin du Magister Ludi Joseph Valet, partagé entre l’élite du monde, la Castalie, et Les Siècles, le monde ordinaire. Plus qu’une adaptation d’un roman complexe, Ludi c’est le prétexte pour Chassol de jouer pleinement : tout tourne ici autour de la question du JEU (fondamentale en musique) et le terrain de jeu de Chassol s’appelle Ultrascore. Ultrascore : c’est le nom qu’il a donné à ses projets, ses albums précédents : il y a eu Nola Chérie tourné à la Nouvelle-Orléans, Indiamore sur son voyage à Calcutta et Bénarès et puis Big Sun le grand soleil en Martinique en 2015. Plus que de la metamusique, une musique qui parlerait de son processus, Chassol relève les mélodies qu’il entend dans les images qu’il a tourné, les voix des gens, les bruits, il harmonise et construit avec le batteur Mathieu Edward toute une envolée, un souffle musical. Il a harmonisé aussi bien les voix de Barack Obama, que celles de film comme Phantom of Paradise. Ce travail très singulier de Chassol va le faire connaitre et remarquer dans le monde entier, des américains comme Solange (la soeur de Beyoncé) ou Frank Ocean vont l’inviter à travailler avec eux.
Ici dans son nouveau disque Ludi pas de destination unique mais un voyage : on va d’un terrain de basket à un ascenseur à Tokyo, puis dans une salle de jeu d’arcades au Japon, dans un grand huit, ça finit sur fond de montagne. Ludi est un double album, il y a beaucoup de pistes, pièces très courtes, des interludes dont on se demande parfois où ils mènent, la géographie se dessine peu à peu et l’écoute (si on n’a pas les images) prend des airs de Colin-maillard, on croirait même entendre des fantômes dans Poltergeist, le jeu a sa part d’ombre." Radio France