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Gipsy guitar from Corsica / Fanou Torracinta, guit.. 2
Musique audio
Edité par A Loghja Produzione , 2023
La Corse est une terre de chant et de guitare. Une île de beauté musicale. C'est ce que démontrait Fanou Torracinta dans le premier volume de son projet 'Gipsy Guitar from Corsica', sorti en 2021. Dans ce deuxième volet, il l'illustre à travers un nouveau panel de couleurs corses. La griffe de Fanou ? Une manière de faire sonner et chanter la guitare, de mêler les thèmes virtuoses aux chants insulaires. Un swing diablement corsé.Natif d'un village de Balagne, Fanou a baigné dans deux univers, la musique de Django Reinhardt et le répertoire traditionnel de son île, en écoutant les chanteurs et compositeurs locaux, dont les célèbres Frères Vincenti et Antoine Ciosi, accompagnés par des guitaristes de jazz, tels Matelot Ferré et les frères Briaval. Il n'a eu de cesse d'explorer ces univers au rythme des valses, celles des Corses et des Manouches, deux peuples ancrés dans leur héritage culturel. De Django, le jeune compositeur goûte particulièrement sa période orchestrale avec le Quintette du Hot Club de France ou les sessions romaines de 1949-50, marquées par les dialogues de la guitare du maître manouche, du violon de Stéphane Grappelli et du piano de Gianni Safred. Toutes ces voix acoustiques, à l'unisson, qui confèrent une assise à leurs thèmes vagabonds. Polyphonies instrumentales. Amoureux de la tradition, le minot tourne en 2012 avec le gardien du temple, Tchavolo Schmitt, tout en rêvant des libertés de Biréli Lagrène. Il a dix-sept ans et fonde dans la foulée le Corsican Trio, qui deviendra un quartet. Brassens avait raison : le temps ne fait rien à l'affaire : quand on est bon, on est bon !Les possibilités d'une île.Pour ce 'Gipsy Guitar from Corsica vol.2', le compositeur, qui ne craint pas les carrefours musicaux, poursuit ses recherches en 'tirant le fil de cette guitare corse à travers toujours plus de compositions et en proposant une lecture personnelle des rythmes manouches, par le biais notamment d'un boléro (Mars) et d'une valse en 6/8 (Valsbach)', résume-t-il.A la tête d'un quartet d'esthètes - Bastien Brison au piano, Benji Winterstein à la guitare rythmique et William Brunard à la contrebasse -, Fanou élargit et orchestre son propos : 'Le principe du question-réponse est au centre de cet album. J'avais besoin de ces musiciens, avec qui je tourne depuis dix ans, pour disposer d'un socle stable sur lequel développer mes idées.' Ces Quatre Fantastiques des cordes acoustiques reprennent Django, la guitare conversant avec le piano sur 'Stockholm', 'un titre peu connu, avec une atmosphère suspendue et une couleur exceptionnelle !' Sur 'Minor Swing', Fanou fait preuve d'audace en 'reprenant le solo de Django des sessions de Rome, réharmonisé au piano.' Futé, le Fanou.Le quartet reprend d'autres standards de jazz, toujours rejoué à sa plume,... Ou comment remonter le temps jusqu'à ces années swing, qui faisaient tanguer les orchestres et dangereusement se déhancher les auditoires. Ancrage, encragePlus que l'album d'un virtuose de la six-cordes, ce projet est celui d'un artiste qui questionne ses racines pour élargir les cadres. Fanou Torracinta puise ses inspirations aux quatre vents, du gipsy jazz à la musique classique, de Django à Debussy, sans oublier le jazz contemporain, celui de Biréli et de Julien Lage, sur lesquels il pose ses ocres corses...Chez cet artiste qui fuit les courses folles actuelles et 'cherche constamment la lenteur des choses', le temps est suspendu (Appesu) et les horizons insulaires. Dans cette 'Gipsy Guitar from Corsica', il y a toutes ces mers d'huile et ces ciels d'orage, qui constituent l'imaginaire d'un musicien à la fois terrien et nomade.