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Bang Bang ! : les séries de velours, vol. 2 / Initials MB, comp., guit.
Musique audio
Edité par Le Pop Club Records , 2023
Les Séries de Velours" est une nouvelle collection de disques présentée par Le Pop Club Records. On y retrouve des artistes actuels qui proposent une musique instrumentale aux frontières de l'electronica, de la Library, d'une easy listenning cinématique ou d'une pop contemporaine. Cette série s'inscrit dans la continuité des rééditions de musiques de films "French Cinema Soundtracks" que Le Pop Club a développé ces dernières années."
Le temps vous manque. Les bribes d’un passé fané vous rattrapent sans même que leurs souvenirs vous atteignent. Des images de Westerns surannés vous parviennent. Des ambiances sombres, des scènes éclairées à la bougie où les dialogues oscillent entre sérieux et démonstrations virilistes nimbées d’humour. Un langage qu’Audiard n’aurait pas renié. La mélancolie, l’emphase, la grandiloquence, puis la nostalgie à nouveau. Qu’est-ce qu’il vous arrive ? Vos repères se brouillent, vous admettez avoir déjà connu ces sensations mais impossible de dire où ni quand. Votre mémoire vous joue-t-elle des tours ? Était-ce une scène de film ou un instant vécu ? Ça y est, sans volonté aucune, vous êtes accro. Initials MB arrive à vous faire revivre des scènes que vous n’avez jamais vécues. Il y a chez ce multi-instrumentiste un amour des sonorités sixties et seventies, et surtout une facilitée insolente à les reproduire, qui touche à l’évidence.
Maxime Baderspach, de son vrai nom, a longtemps favorisé les ris de guitares et les tempos rapides avant de se (re)découvrir une véritable passion pour les bandes originales de films des années 60-70. Après deux albums solo orientés vers la pop de ces années mythiques et fantasmées, il s’entoure d’invités spontanés de la scène lyonnaise : Rémy Kaprielan à la batterie, Léa Vignoud et Roxane Boucher à la flute , Sandrine Hanart et Thibauld Labey de Trumpets of Consciousness aux chœurs morriconiens. On ne fera pas l’affront d’expliciter d’où provient le pseudonyme d’Initals MB; les amateurs du maître chansonnier Gainsbourg retrouveront certains accents et tics de son travail dans Growly Owl, morceau aux pianos trafiqués patibulaires qui pourrait nous évoquer aisément une scène de bar dans laquelle Jean Gabin tiendrait la vedette. Seriez-vous plutôt Spaghetti ? Melancholia vous ramènera aux envolées mélodiques du génie de Morricone. J’irai à Roubaix, elle, nous ramène de manière évidente au François de cette même ville.
On ne ressent aucune volonté chez Initials MB de sonner rétro. Au contraire, les éléments psychédéliques présents dans son travail, les basses mélodiques et incisives, les grooves hypnotiques, les orgues Hammond et autres épinettes font partie de sa langue musicale naturelle. Un véritable fétichisme de ces sonorités qui ne vire toutefois pas au pastiche. Initals MB, plus inspiré par la musique que les paroles, compose des instrumentaux de films imaginaires, en jouant avec les codes monolithiques et les contraintes immuables du genre ; ici un thème accrocheur ne revient jamais, là une structure emprunte des chemins sinueux non linéaires. Vos esprits vous reviennent. La chaleur de ce monde qui vous quitte commence à vous manquer. Pas d’inquiétudes, retournez soigneusement le disque pour présenter la face B à votre diamant et «Bang, Bang !», c’est reparti.