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Marc'h gouez / Kristen Noguès, harpe celtique
Musique audio
Edité par Souffle Continu , 2023
« Pourquoi chanterais-je en français ? Je suis de culture bretonne, je parle breton, je vis en Bretagne, et la langue bretonne est la langue de ce pays… » Voilà l’explication de Kristen Noguès, dont le premier des (rares) disques qu’elle a enregistrés, Marc’h Gouez, est à chaque écoute un formidable voyage dans l’espace.
La langue bretonne, Noguès l’a apprise enfant, en même temps que la harpe celtique – prenant des leçons de Denise Mégevand, qui en donnera à d’autres, notamment Alan Stivell. Au début des années 1970, elle découvre le chant breton (soniou et gwerziou) auprès de Yann Poëns et s’implique dans Névénoé, coopérative d’expression populaire fondée par Gérard Delahaye et Patrick Ewen. C’est sous cette étiquette qu’elle voit sortir en 1976 son premier album, Marc’h Gouez.
Avec une dizaine d’amis jouant de la guitare, du piano, de violons, de flûtes…, Noguès compose non pas une musique bretonne mais une musique de Bretagne : sorte de folklore en partage où l’imaginaire épouse la réalité du moment, celle des revendications et du compagnonnage. Au tout début du disque, on entend tirer une chaise avant que les cordes pincées de la harpe déversent des notes en cascade : « Enez Rouz », c’est l’invite à une écoute de proximité.
On pense ici à la Meredith Monk de « Greesleeves », là aux premiers Brigitte Fontaine / Areski, ailleurs encore à Emmanuelle Parrenin, Pascal Comelade... Car la faridondaine de Noguès est changeante : aérienne (« Hunvre »), cosmopolite (« Pinvidik Eo Va C'hemener »), énigmatique (« Ar Bugel Koar »), profonde (« Ar Gemenerez ») ou enchanteresse (« Hirness An Devezhiou »). Et puis il y a le morceau qui a donné son nom au disque : Marc’h Gouez qui, entre comptine et musique de chambre, tisse une toile fabuleuse dans lequel l’auditeur est bien forcé de se prendre. « Bretagne égale poésie » : c’est André… Breton qui l’a écrit ; et c’est Kristen Noguès qui le prouve.