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Origins / Arno Babadjanian, Gérard Gasparian, Aram Khatachaturian, Komitas, comp.
Musique audio
Edité par Naive , 2024
Un magnifique voyage au coeur du patrimoine pianistique arménien par le virtuose Jean-Paul Gasparian qui célèbre ici ses racines. Quelques Danses de Komitas, l'intensité polyphonique de la Ballade de Gasparian, le lyrisme éperdu de l'Adagio de Spartacus de Khachaturian, les chromatismes tendus de la Sonate de Babadjanian : autant de moments particulièrement forts d'un enivrant périple. En 2022, Jean-Paul Gasparian concluait son premier album pour naïve dédié à Debussy (V7958, avec les Préludes du Livre 1 et les Estampes) par une transcription inédite réalisée par son père, de Rondes de printemps, la troisième des Images pour orchestre de Debussy. Elle annonçait en filigrane ce nouveau voyage sonore, périple au coeur de l'Arménie, quexhausse la figure de Sayat-Nova, centrale pour toute la nation arménienne. De son instrument, le kamântche, ce barde et ashik du XVIIIe siècle, distillait toute sa science poétique à travers des chants devenus lun des socles de la culture arménienne. Trois des oeuvres présentes ici évoquent directement Sayat-Nova, en particulier les Ballade et Poème de Gérard Gasparian, placées au centre de ce récital, à la suite de la sublime Elégie dArno Babadjanian (1921-1983), hommage vibrant à Aram Khachaturian qui, en 1978, venait de disparaître et qui reprend un autre thème de Sayat-Nova. Au-delà de Sayat-Nova, et de son profond attachement à ses origines familiales - son père Gérard né à Erevan s'est installé en France en 1974 -, Jean-Paul Gasparian célèbre surtout dans ce nouvel enregistrement le plus pur de l'esprit arménien, cet enracinement dans la tradition populaire qu'il scrute avec une joie euphorique tout au long de cette heure musicale, de l'épure minimaliste du Yerangi de Komitas à l'intensité polyphonique de la Ballade de Gasparian, du lyrisme éperdu de lAdagio de Spartacus de Khachaturian aux chromatismes tendus de la Sonate de Babadjanian. Quel plaisir absolu de retrouver une vision si ardente de la Toccata de Khachaturian ! Jean-Paul Gasparian en retranscrit toute l'énergie primitive, l'intarissable jubilation. Composé en 1989, d'inspiration très française, le Poème de Gérard Gasparian sera une véritable révélation : son incipit en forme de barcarolle-berceuse, de ton presque enfantin, se mue en une plainte grandiose, forte, tragique. Autre fondement du patrimoine arménien, les quatre Danses de Komitas proposées par le pianiste (sensationnelle Shushiki) donnent un parfum d'authenticité délicieux à ce programme, qui dès les premières plages - quatre pièces extraordinaires de Babadjanian écrites entre 1939 et 1952 - annonce immédiatement la couleur. Le piano de Jean-Paul Gasparian, littéralement flamboyant, se veut chorégraphique : ce voyage en Arménie est en réalité un bal virtuose et tourbillonnant. Jean-Paul Gasparian : piano