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Songs of the humpback whale / Baleine
Musique audio
Edité par Pacific Music , 1990
Avec plus de cent mille exemplaires vendus entre 1970 et 1977 dates de ses deux premières éditions, le disque de Roger Payne est un des plus grand succès commerciaux de l'histoire du field recording. D’après David Toop dans son essai Ocean of Sound, les baleines sont ainsi devenues « les premières stars non humaines de l’industrie phonographique à pénétrer un marché de masses. » Les chants calmes et mélodieux de baleines ont depuis été intégrés dans les musiques électroniques, les chansons populaires et ont été récupérés par le mouvement new age au point dans devenir un des symboles. Chercheur en biologie acoustique, l’Américain Roger Payne s’est d’abord intéressé aux ultrasons des chauves-souris ou à l’ouïe des hiboux. L’événement qui change sa vie survient une nuit sur une plage du Massachusetts où il se rend après avoir entendu à la radio qu’un marsouin est échoué sur le sable. Là, il découvre l’animal mutilé : des gens ont découpé ses nageoires et sa queue à la hache, un mégot de cigare est enfoncé dans son trou de respiration, des initiales sont gravées sur sa peau. Face à ce spectacle, Payne éprouve un profond malaise et décide de consacrer sa vie à l’étude et à la protection des cétacés. Pour Songs Of The Humback Whale, ce sont des baleines à bosses qui ont été enregistrées à Hawaï et dans les Bermudes. Le chant de ces animaux, qui peut être entendu sous l’eau à plus de trois mille kilomètres à la ronde, marque la saison des amours et n’est émis que par les mâles. D’une structure très complexe, il peut durer des heures, voire des jours entiers. Le chant d’un individu présente des caractéristiques propres et peut évoluer au fur et à mesure qu’il vieillit. Cela a laissé suggérer que la recherche d’ »originalité » était liée à de simples stratégies de séduction. Certains pensent toutefois trouver dans ces productions acoustiques des éléments et des structures proprement musicaux, proches de certaines pratiques humaines. Que la musique ne soit pas une invention de l’homme et puisse être apparue à un stade plus ancien de l’évolution est évidemment une idée très discutée. Mais si on veut tirer ce fil, l’émotion ressentie à l’écoute de ces baleines pourrait-elle être intégrée dans une réflexion sur les origines animales de la culture ? Alexandre Galand_Field Recording. L’usage du monde en 100 albums. Le mot et le reste.2012
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