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Quand j'étais Jane Eyre / Sheila Kohler
Livre
Edité par Quai Voltaire. Paris , 2012
Dans le calme et la pénombre, au chevet de son père qui vient de se faire opérer des yeux, Charlotte Brontë écrit, se remémore sa vie, la transfigure. Elle devient Jane Eyre dans la rage et la fièvre, et prend toutes les revanches : sur ce père, pasteur rigide, désormais à sa merci, sur les souffrances de son enfance marquée par la mort de sa mère et de deux soeurs aînées, sur sa passion malheureuse pour un professeur de français à Bruxelles, sur son désespoir face à son frère rongé par l'alcool et la drogue, sur le refus des éditeurs qui retournent systématiquement aux trois soeurs Brontë leurs premiers romans, envoyés sous pseudonyme.
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Une plongée dans l’histoire tragique de la famille Brontë, dans un style brillant et plein de sensibilité
Ce livre est un « roman » comme nous l’indique la page de titre, même si Sheila Kohler s’est largement documentée (biographies, récits, romans des sœurs Brontë) afin de nous restituer, dans un style brillant et plein de sensibilité, l’histoire tragique de la famille Brontë (milieu du 19e en Grande Bretagne) et plus précisément ce qui a pu se produire au sein de ce huis clos familial au moment où Charlotte Brontë écrit Jane Eyre, et comment ce roman va changer le cours de sa courte vie. On pourrait parler de « biographie romancée ». Le roman démarre en 1846, Charlotte est à peine âgée de trente ans et se trouve à Manchester au chevet de son père, pasteur austère et exigeant qui se remet d’une opération des yeux. L’esprit de Charlotte est ailleurs…Avec une rage d’écrire et une certaine violence intérieure elle travaille à la construction de son personnage de Jane, héroïne qui sera façonnée par tout ce qu’elle a pu vivre dans sa vie personnelle (passion amoureuse pour son professeur de français à Bruxelles, humiliations subies lorsqu’elle était gouvernante, terreur que lui inspire la religion, omniprésence de la mort …). Les correspondances et les échos entre les vies et personnalités de Charlotte l’écrivaine, et de Jane l’héroïne romanesque, sont étonnants. On comprend au fil de l’histoire en quoi l’écriture de son roman lui a permis de tracer sa voie avec beaucoup de pugnacité. Les trois sœurs (Charlotte, Emily et Anne) sont douées pour l’écriture. La mère et leurs deux sœurs aînées sont décédées alors qu’elles n’avaient pas dix ans et le traumatisme de ces morts hantera leurs œuvres respectives. Leur frère Branwell est également doué pour la poésie mais son ivrognerie en fera toute sa vie un être fragile à la charge de la famille. L’accent est largement mis sur Charlotte tout au long du livre mais dans la deuxième partie (1846-1848), les sœurs Brontë sont réunies avec leur père et leur frère à Haworth où se trouve le presbytère paternel et où chacune travaille à son roman : Jane Eyre (Charlotte), Les hauts de Hurlevent (Emily), Agnès Gray (Anne) non sans une certaine rivalité… Une fois ce livre - à l’atmosphère très mélancolique-terminé, on ne peut que souhaiter se replonger dans les romans des sœurs Brontë, joyaux de la littérature britannique du 19e et retrouver cet univers d’un autre temps…
Avis des bibliothécaires - Le 17 décembre 2014 à 13:48