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Esprit d'hiver / Laura Kasischke
Livre
Edité par C. Bourgois. Paris , 2013
En ce matin de Noël, Holly se réveille, en retard, hantée par un funeste pressentiment : l'impression que, quand elle est partie en Russie avec son mari seize ans plus tôt pour adopter Tatiana, quelque chose les a suivis jusque chez eux. Tandis qu'Holly tente de dissiper cette angoisse inexplicable, son mari, Eric, part en hâte pour l'aéroport où il doit retrouver ses parents venus fêter Noël avec eux. Très rapidement, les incidents s'enchaînent : un blizzard fulgurant se lève et interrompt progressivement toute possibilité de circulation automobile sur les routes environnantes. Alors qu'Eric se retrouve bloqué à l'hôpital où il a dû conduire d'urgence ses parents, les autres invités se décommandent successivement. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana. Se met alors en place un huis clos hivernal au fil duquel le comportement de sa fille apparaît de plus en plus étrange et incohérent. Elle qui était toujours apparue comme une enfant sage, attentionnée, affectueuse, ne cesse depuis son réveil de lui assener des reproches. Attitude relativement classique de la part d'une adolescente, mais déconcertante de la part de Tatiana du fait de son caractère si soudain. Pourquoi a-t-elle choisi cette matinée tendue pour égrener tous ses griefs à sa mère ? L'explication est-elle à chercher du côté des années qu'elle a passées à l'orphelinat en Russie ? Aurait-elle conservé de ces moments certains traumatismes ou faiblesses de constitution qui ne ressurgiraient que maintenant ? Les sautes d'humeur incessantes de Tatiana, entre tendresse et agressivité, sont aussi marquées par des changements de vêtements qui la font passer du statut de petite fille à celui d'une adolescente très féminine et délurée. De même, ses allées et venues incessantes entre la cuisine et sa chambre ne font qu'accroître le trouble de Holly à son égard. Une série d'apparitions et de disparitions assez perturbantes pour inciter sa mère, inquiète de ses silences répétés et inexpliqués, à tenter de l'espionner, de l'autre côté d'une porte que Tatiana n'avait encore jamais verrouillée jusqu'à ce jour...
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Avis des lecteurs
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Le jour où j’ai pris une claque c’est celui où j’ai lu ce livre
Le jour où j’ai pris une claque … non pas ce jour de Noël qui commence de travers et où tout va de mal en pis. Personne ne se réveille à l’heure alors qu’il y a des tonnes de choses à préparer et les parents âgés d’Erik à aller chercher à l’aéroport. Départ en catastrophe du mari, donc, et une tempête de neige qui s’annonce, se renforce et finit par isoler la maison ; elle va empêcher les invités de venir, y compris Erik et ses parents suite à un malaise de sa mère qui se retrouveront à l’hôpital régional. Holly, qui se faisait une joie de cette fête malgré le poids des traditions et les invités dont certains finalement ne sont pas si bienvenus que cela, se retrouve en huis clos avec sa fille chérie Tatiana, 13 ans, adoptée dans un orphelinat sibérien aussi froid et triste qu’on peut l’imaginer. Mais il y a aussi comme une autre présence dans la maison, invisible mais pesante « quelque chose qui les avait suivi depuis la Russie » qui troublera cette journée particulière. Holly voudrait l’écrire, elle qui a gagné des concours de poésie quand elle était étudiante, pourtant rien ne vient. Elle va sonder son passé, la petite enfance de sa fille depuis leur première rencontre à l’orphelinat jusqu’à leur relation tendue d’aujourd’hui, s’interrogeant également sur ses rapports quasi inexistants avec sa belle famille. Elle se sent très seule et voudrait profiter de cette journée de fête ratée pour renouer avec sa fille, retrouver leur complicité d’avant. Mais non, elle résiste, et pour la première fois elle utilisera le verrou installé par sa mère sur la porte de sa chambre dans le but de lui préserver un peu d’intimité. Décidément, le froid qui règne dehors pénètre jusque dans la maison où semble s’installer le chaos, en opposition avec la blancheur lumineuse de la neige amoncelée juste derrière les vitres. Le jour où j’ai pris une claque c’est celui où j’ai lu le livre de Laura Kasischke : Esprit d’hiver. D’une seule traite, happée par l’écriture acérée et glaçante de l’auteur.
Catherine, Bibliobus - Le 18 décembre 2014 à 18:42