« Dès que j’ai pu marcher, j’ai entendu le bruit fait par les poteaux téléphoniques, sur lesquels était fixé un générateur et je trouvais cela fascinant à écouter. »  La Monte Young cité par K. Robert Schwarz. Minimalists, Phaidon, 1996

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Pour ouvrir cette sélection partons de là, enlevons tout, et ne gardons que le fond, la base du sonore. Sans début, ni fin …. En réalité, les drones sont omniprésents partout, tout le temps, on essaie souvent de les faire disparaître volontairement, ou pas. On se rappelle la quête de John Cage à la recherche d’un silence absolu, et bien le drone c’est du flux, et le flux dans la vie y’en a de partout, comme le bruit...  bref, un « drone », (bourdonnement en anglais) désigne, en musique, un style qui se caractérise par de longues plages musicales présentant peu de variations rythmique/harmoniques. Même si le drone est déjà présent dans les musiques traditionnelles d’ici et d’ailleurs (tampura, vielle à roue, cornemuse, sho, didjeridoo, etc.) on aime bien, nous les occidentaux, trouver une figure emblématique, un endroit, une date, un repère historique, (abscisse/ordonnée) quelque chose qui rassure notre besoin de savoir et de nous situer. Pour ce qui est du drone ou de « la drone music » la figure emblématique ce serait de manière plutôt unanime La Monte Young dans le New York des années 60, un New York dont le bouillonnement culturel et artistique semble avoir été juste hallucinant… Aujourd’hui la soupe est froide, on s’enthousiasme des quelques remous qui viennent strier cette surface lisse, on espère une ébullition, on rêve de nouveaux bouillonnements. 

Alors, en attendant on  pourrait s’intéresser à la manière dont le drone va glisser et  se placer au premier plan de la composition sonore, et de la préoccupation des compositeurs ; à cette nécessité qu’on trouve dans d’autres domaines à savoir d’enlever le superflu, de ne garder que ce qui marche vraiment et tout le temps. Recherche parfois radicale mais essentiel et revigorante  et toujours d’actualité. Tel est au bout du compte ce qui rend le minimalisme si passionnant et vivant.

...à suivre

Au plaisir de la découverte de ces œuvres s’ajoute donc celui du visuel, aux dimensions plus généreuses, plus propices à la création graphique (comme cette face B sérigraphiée, ou encore cette appétissante paëlla) et à l’immersion dans l’univers des artistes, celui d’un son à la chaleur et au charme plébiscités par un grand nombre de musiciens et de mélomanes, et à l’heure de la dématérialisation , il est intéressant de constater que son empreinte écologique semble préférable à celle du numérique.

A l’origine, les 78 tours étaient fabriqués dans une matière fragile, issue d’une cochenille asiatique, appelée gomme-lacque, ou « shellac » en anglais. Shellac est aussi le nom d’un excellent groupe américain dont le guitariste, Steve Albini, également ingénieur du son et producteur de renom (Nirvana, Pixies, PJ Harvey…), est un ardent défenseur du vinyle. Shellac signifie aussi en argot américain « prendre une raclée »…