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Baskot Lel Baltageyya / Baskot lel baltageyya, ens. voc. instr
Musique audio
Edité par Akuphone , 2023
Curieuse œuvre… une fois de plus aurait-on envie de dire, que nous apporte Akuphone, le label français fondé par Cheb Gero, pour la partie vinyl, et le label saoudien Wall of Sound, pour la partie digitale ! Baskot Lel Baltageyya de Baskot… ce qui se cache derrière ces mots c’est un grand terrain de jeux sonores, qui capte, se nourrit, et recycle les sons de la ville du Caire, un véritable petit organisme qui assimile et gargouille, ondule et éructe, vibre et respire… tandis que ceux qui se cachent derrière ces mots sont le musicien égyptien Adham Zidan et le poète Anwar Dabbour.
Le premier, Zidan, figure de l’underground égyptien que vous avez déjà pu entendre tant au côté de Maurice Louca, que de Nancy Mounir ou Raed Yassin, agite ses machines et ses instruments pour concevoir une musique étrange qui tient tant au chaabi égyptien, à la pop, qu’au psychédélisme des bandes-son de films d’horreur des années 70. Il y a aussi dans cette musique tout un versant enfantin, qui renvoie aux spectacles de marionnettes, au cirque, aux dessins animés, enfin, dessins animés trop colorés et épileptiques pour ne pas être l’œuvre d’un artiste sous… emprise, qui rappellent à ces jouets que l’on trouve dans les souks, contrefaçons de héros occidentaux tellement mal faits qu’ils inspirent plus la peur qu’autre chose.
Tandis que le second, Dabbour, se complaît à dissimuler sa voix derrière des rangées de filtres et de vocodeurs, et laisse ses mots se rouler dans la pop culture arabe, se glisser dans des jeux acides et grandiloquents, où l’humour, noir bien sûr, prend toute sa part !
C'est l'histoire de la genèse de Baskot Lel Baltageyya (qui signifie Cookies for Thugs), un projet dirigé par le musicien Adham Zidan et le poète Anwar Dabbour. Sur le premier album du groupe égyptien, les textes en arabe familier de Dabbour dépeignent des visions d'un monde en proie au chaos, où la réalité bascule souvent dans l'absurde. Zidan, qui a produit l'album en plus d'en écrire la musique, exploite la folie avec des mélodies serpentines qui se mêlent et dansent sur des grooves hypnotiques, comme une version psychédélique de ring-around-the-rosie. Zidan joue des claviers et chante dans The Invisible Hands aux côtés d'Alan Bishop, cofondateur de Sublime Frequencies/Sun City Girls. Il a affiné son propre style de folk lo-fi sur « Today Is Tomorrow », et élargit encore ses horizons avec Baskot Lel Baltageyya. Au cours de la dernière décennie, il a été largement reconnu pour son travail de musicien, de producteur, d'enregistreur et de mixeur. Surnommé "l'homme de la renaissance musicale égyptienne" par Scene Noise en 2019, il a prêté son oreille attentive à de nombreux autres projets, tels que No'oum Nasyeen de Youssra El Hawary (2017), Live at the Necropolis de Tarkamt (2018), Elephantine de Maurice Louca (2019), Natik Awayez's Manbarani (2020), et Nancy Mounir's Nozhet El Nofous (2022) , et a collaboré avec de nombreux grands noms de la scène musicale indépendante de la région, notamment Tamer Abu Ghazaleh, Nadah El Shazly, Raed Yassin et Sam Shalabi.Baskot Lel Baltageyya a débuté comme un projet audiovisuel et, dès le début, Zidan a résisté à l'idée qu'on puisse l'assimiler à quelque chose en particulier. Comme il le dit, "on peut considérer Baskot comme un genre de musique, le nom d'un groupe, ou comme quelque chose à consommer". L'album est une extension du spectacle fantasmagorique de Baskot. Avec sa voix enrobée de vocodeurs, Dabbour tisse ses rimes fragmentées avec des images surréalistes, des personnages étranges, des références à la culture pop et des prescriptions impératives pour gérer la vie de tous les jours.